Limousin - Poitou-Charentes

SURVOL HISTORIQUE ET ARCHITECTURAL DE LA VILLE DE SAINTES

SURVOL HISTORIQUE ET ARCHITECTURAL DE LA VILLE  DE SAINTES

 

SAINTES

ORIGINE ET PRINCIPAUX MONUMENTS

 

À l'occasion de l'AG de l'AACO du 30 mai 2017 à Saintes, le Dr Morineaud ancien élève du vieux collège de Saintes, maintenant démoli en raison de sa vétusté, nous dresse un bref panorama historique et architectural à la ville de Saintes , à la demande de Madame Vergnon.

 

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Saintes, deuxième ville de la Charente Maritime avec ses 25000 habitants, est la ville la plus ancienne du département. Fondée en 20 avant JC, elle devint la capitale du pays des Santons sous le nom de « Mediolanum Santonum ». Elle était l’aboutissement de la via Agrippa reliant Lyon, capitale des Gaules à la région Aquitaine étendue entre la Loire et les Pyrénées. La ville s'est développée sur la rive gauche de la Charente et sur les hauteurs avoisinantes avec toutes les infrastructures des cités romaines : forum, basilique, temples, thermes. Son approvisionnement en eau était assuré par des aqueducs souterrains et aériens amenant l'eau de 3 sources situées à plusieurs kilomètres sur la rive droite de la Charente franchie par un siphon. Le pont a sans doute été le premier ouvrage d'art construit car il permettait de relier la voie Agrippa à la ville. Il se poursuivait par la « voie décumale », perpétuée actuellement par la rue Victor Hugo, qui conduisait au forum. On pense que la ville s'étendait sur une surface de 160 hectares. Pendant 2 siècles et demi la ville a bénéficié de la « pax romana », jouissant d'une grande prospérité. Mais en 276 le raid des Alamans ouvre la période des grandes invasions. À partir de cette époque la ville s'entoure de remparts, construits en urgence à partir des monuments publics démolis à cet effet. Les habitants se replient et s'entassent sur une surface urbaine de 16 hectares laissant l'extérieur à l'abandon. Les remparts romains vont persister ; ils seront renforcés, complétés tout au long des siècles. Ils seront démantelés seulement en 1627 sur ordre de Louis XIII, pendant le siège de La Rochelle, pour éviter que Saintes ne devienne une place forte protestante. À partir de cette époque la ville commence à s'étendre hors de ses limites. À la fin du XVIIIème l'intendant Reverseaux entreprend l'aménagement de voies nouvelles extérieures qui ne seront mises en service que bien plus tard : le cours royal en 1823, devenu cours national,  et le cours Reverseaux en 1835. Ces deux artères importantes structurent encore la circulation dans la ville. Reverseaux ne sera pas récompensé pour ses projets d’urbanisme car il sera guillotiné pendant la révolution. Le chemin de fer arrive à Saintes en 1867. La gare se construit à une certaine distance de la Charente sur la rive droite. En 1879 on inaugure le pont Palissy dans l'axe du cours National. À sa suite on aménage l'avenue Gambetta qui conduit à la gare. La ville s'étend alors des deux côtés de la Charente de façon importante. En 1910 autour de la gare se développent des ateliers de chemin de fer  et de nouveaux quartiers d'habitation. Depuis la dernière guerre elle s'étend sur la rive gauche et ce qui était la campagne dans les années cinquante est devenu une zone commerciale et industrielle très importante

 

 

 

                                     Que faut-il voir à Saintes ?

 

Saintes est classée comme ville d'art et d'histoire. Beaucoup de monuments ont été édifiés au cours du temps. Nous en évoquerons quelques-uns.

 

Le premier monument à voir est l'arc de triomphe de Germanicus édifié par un riche santon en l'honneur des fils de l'empereur Tibère, Germanicus et Rufus, en 19 après JC. Construit initialement à l'entrée du pont sur la rive droite, il s'est retrouvé dans une position plus centrale du fait de l'allongement du pont imposé par une modification de la berge. Surmonté de créneaux il sera intégré aux fortifications de la ville. En 1844 le pont romain est démoli. L'arc de Germanicus devait subir le même sort, mais il est sauvé par Prospère Mérimée, inspecteur des monuments historiques. Démonté pierre à pierre il est remonté quelques années plus tard sur la rive droite, là où l'on peut le voir actuellement.

 

Les Arènes, vestiges de l’amphithéâtre gallo-romain, constituent le deuxième monument antique à voir. Construites au milieu du 1er siècle, à l'époque de l'empereur Claude, elles sont situées au sud-ouest de la ville. Ses gradins s'appuient sur les flancs de 2 collines, bordant un vallon qui conduit à la Charente, ce qui aurait permis la réalisation des « naumachies ». Les arènes pouvaient accueillir 15000 spectateurs pour des spectacles traditionnels de la civilisation romaine. Abandonnées lorsque les spectacles violents ont été interdits par l'église, elles auraient servi de carrière de pierre pour de nombreuses maisons de Saintes. Prospère Mérimée au XIXème siècle, les préserve de la disparition en les faisant classer monument historique. Les gradins sont dégagés, les arcades restantes restaurées. Non seulement lieu touristique attirant de nombreux visiteurs, les arènes retrouvent leur rôle festif l'espace d'une soirée d'été, chaque année. À une époque la comédie française venait y donner une pièce à grand spectacle de son répertoire.

 

Les Églises constituent un patrimoine architectural remarquable. On en comptait jusqu'à 15 avant la révolution . La légende rapporte que la christianisation du pays santon est due à l'évêque Eutrope, sans doute vers le IIIème siècle. Après avoir converti des gens du peuple il aurait converti Estelle, la fille du gouverneur. Celui-ci mécontent le fait mettre à mort. Lapidé il aurait été achevé d'un coup de hache sur la tête. Au VIème siècle on découvre dans le voisinage des arènes un crâne qui présentait une entaille évoquant une blessure par cette arme. Aussitôt on a considéré qu'il s'agissait du crâne d'Eutrope. Sur le lieu de la découverte on a édifié une église, l'église St Eutrope, pour vénérer la relique du saint. En même temps Estelle condamnée à mort est exécutée dans les arènes. À l'endroit de son supplice a jailli une source sur les gradins sud appelée depuis lors « fontaine Ste Estelle». À la suite de St Eutrope il y a eu de nombreux saints : St Saloine, St Vivien, St Pallais dont la mémoire a été conservée dans les églises qui leur sont consacrées et qui pour les deux derniers existent encore

Parmi les nombreuses constructions religieuses qui ont marqué le cours du temps nous citerons trois réalisations majeures : l'Abbaye aux Dames, l'église St Eutrope et la cathédrale St Pierre.

 

L'Abbaye aux Dames, couvent de moniales bénédictines est fondée en 1047 par le comte d'Anjou Geoffroy Martel et son épouse Agnès de Bourgogne. Les abbesses appelées « Madame » appartenaient à des familles de la grande noblesse et dépendaient directement du pape. L'abbaye disposait de richesses foncières, notamment de marais salants autour de Marennes. L'église primitive de l'ensemble conventuel construite au XIème siècle était de plan basilical à 3 nefs. Au XIIème siècle, sans doute avec la prospérité de l'abbaye, on décide de réaliser une nef unique couverte de deux coupoles. Le chœur roman est couvert d'une voûte en berceau, et fermé par une abside en cul de four. Sur la croisée du transept s'élève un clocher circulaire couvert d'une toiture conique façonnée en écailles de pierre dit en pomme de pin. La façade est remarquable par son portail roman très ouvragé. Ses quatre voussures représentent de l'intérieur vers l’extérieur la main de Dieu, l'agneau mystique, des martyrs, des vieillards de l'apocalypse. Cette église a subi des vicissitudes. En 1648 un incendie détruit les coupoles qui ne seront pas restaurées mais remplacées par un plafond de bois. Pendant la révolution l'abbaye devient une prison et sous l'empire une caserne, attribution qu'elle garde jusqu'en 1924, l'église étant transformée en écurie. Pendant la dernière guerre, occupée par un régiment allemand, le bâtiment principal a été coupé en deux lors d'un bombardement, mais l'église a été épargnée. Depuis la guerre longtemps laissés à l'abandon, l'église et les bâtiments conventuels sont restaurés. L'église a été rendue au culte et tous les ans en juillet elle accueille un festival de musique classique de grande renommée.

 

L'église St Eutrope est une église romane avec un clocher gothique, célèbre par sa crypte. Cette église succédait à un petit sanctuaire édifié au VIème siècle hors les murs, mais dévasté par les invasions normandes. Guy-Geoffroy Guillaume, le duc d'Aquitaine, au XIème siècle, l'avait cédée aux bénédictins de Cluny qui en avaient fait un prieuré. Les bâtiments actuels résultent d'un ensemble architectural important pour être à la fois lieu de pèlerinage à la mémoire du saint et relais sur le chemin de St Jacques de Compostelle. Il comportait trois niveaux : une église inférieure, la crypte ; une église supérieure qui lui était superposée ; ces deux parties s'ouvraient dans une nef commune située à un niveau intermédiaire à laquelle on accédait par des escaliers. Cette nef a disparu, démolie en 1803. L'autel de l'église haute et la crypte ont été consacrés le 20 avril 1096, respectivement par le pape Urbain II, le prédicateur de la première croisade à Clermont-Ferrand, et par l'évêque de Saintes, Ramnulfe. 

La crypte est impressionnante par son étendue ; sa nef centrale est couverte d'une voûte en berceau, doublée d'arcs volumineux et massifs reposant sur de larges piliers à hauts chapiteaux romans. Au centre de la nef repose un tombeau qui aurait été celui du saint, mais en fait sa relique a été déposée sous l'autel de l'église supérieure. Des bas côtés se rejoignent par un déambulatoire passant devant l'abside . Il n'y a pas de communication directe avec l'église haute qu'il faut rejoindre par l'extérieur. Pendant la guerre de 39-40, cette crypte, vue la solidité de ses voûtes, servait d’abri pendant les alertes et les bombardement

L'église supérieure affecte le même plan que la crypte . La nef centrale d'une grande hauteur est couverte par une voûte en berceau brisé supporté par des piliers aux chapiteaux finement décorés de style roman.. Deux d'entre eux sont remarquables : l'un représente la pesée des âmes, l'autre Daniel dans la fosse au lion. Mais l'abside est de style gothique reconstruite au XVIème siècle. Sur le croisillon nord du transept on a élevé au XVème siècle un clocher de style gothique flamboyant, financé par Louis XI qui avait une vénération pour St Eutrope. Il a été achevé en 1481, deux ans avant la mort du roi. Sa hauteur atteint 65 mètres. Lors de la tempête de 1999 un de clochetons d'angle a été emporté par la violence du vent, mais restauré par la suite.

 

La cathédrale St Pierre a été construite intra-muros. Plusieurs édifices se sont succèdes. La construction initiale remonte au VIème siècle à l'initiative de l'évêque Pallais. Cette première église qui avait rang de cathédrale puisqu'elle était le siège de l'évêque est détruite par un incendie. Elle est remplacée au XIIème siècle par une église romane. Elle devait être très importante si l'on se fie à la hauteur de la croisée droite du transept, conservée dans la dernière construction. Mais au XVème siècle elle se dégradait, aussi l'évêque Guy de Rochechouart entreprend-il en 1430 l'édification d'un nouvel édifice qui sera de style gothique flamboyant. Les travaux se poursuivent pendant tout le siècle et se prolongent au siècle suivant, traînant en longueur, sans doute pour des difficultés de financement. C'était une très grande église  de plus de 100 mètres de longueur, la toiture s'élevant à 39 mètres . Le clocher inachevé atteignait 65 mètres. La nef était flanquée de bas côtés sur lesquels s'ouvraient des chapelles latérales. Au delà du transept s'étendait le chœur inachevé, entouré d'un déambulatoire où s'ouvraient des chapelles rayonnantes. Au pied du clocher s'ouvrait un imposant portail. Sur les parties verticales du porche et sur les côtés des niches abritaient des personnages de grandeur nature. Les quatre voussures étaient ornées par la présence de 44 sculptures représentant des anges, des musiciens, des moines, des évêques, des vierges, des martyrs, des rois, des prophètes. Au moment des guerres de religion les huguenots nombreux en Saintonge ont occupé la ville à 2 reprises. En 1568 commandés par Dandelot , frère de Coligny, animés d'un désir de destruction des symboles du catholicisme, ils minent les piliers de la nef : la voûte en croisée d'ogives et la toiture s'effondrent laissant s'élancer dans le vide les bras des contreforts. Les grandes statues du portail sont brisées, mais les personnages des voussures sont épargnés. Les huguenots voulaient abattre le clocher mais les habitants des maisons voisines ont eu peur que son effondrement n'écrase leurs maisons, si bien que sa destruction a été abandonnée. Après ces événements dramatiques l'église a été reconstruite à minima. Les travaux reprennent à partir de 1576 et se poursuivent pendant les XVIIème et XVIIIème siècles. Les voûtes en pierre sont abandonnées. La couverture de la nef repose sur une simple charpente. Le chœur achevé à cette époque à bénéficie d'une voûte cintrée qui est maintenant en bois. L'église a eu à souffrir à nouveau lors de la révolution française. L'évêque Pierre-Louis de La Rochefoucauld, élu député du clergé, part pour l'ouverture des États Généraux à Versailles le 5 mai 1789. Il ne reviendra jamais à Saintes. N'ayant pas signé la constitution civile du clergé il est démis de sa fonction d'évêque . Considéré comme suspect, il est incarcéré et massacré au Carmes le 2 septembre 1792. Il sera béatifié en 1927. L'église est saccagée, pillée ; les vêtements sacerdotaux sont brûlés, les vases sacrés fondus, l'ornementation détruite. L'église est abandonnée : elle sert de lieu de réunion pour des élections, pour des banquets patriotiques, pour former des unités militaires de volontaires, d'entrepôt pour un marchand de vin, de temple de la vérité puis de la raison en décembre 1793. De novembre 1792 à 1803 le culte est totalement désorganisé. Cependant avec le concordat de 1801/1802 le culte est restauré en France et en 1803 un nouveau curé  est nommé. Mais suprême humiliation, l'église perd son statut de cathédrale, l’évêché étant fixé à La Rochelle. Toutefois en 1852 un bref du pape Pie IX lui redonnera son statut de cathédrale, l'évêque devenant « évêque de La Rochelle et Saintes ». L'église, lorsqu'on la visite, donne une impression de grandeur, mais finalement elle paraît assez pauvre ayant peu d'ornement intérieur. Cependant il faut noter dans le chœur un baldaquin porté par des colonnes de marbre rouge couronnant l'autel, et au dessus de l'entrée il existe de grandes orgues datant du XVIIème siècle et plusieurs fois restaurées.

 

Voilà ce que l'on pouvait dire sur les principaux monuments de Saintes. Mais il en existe encore de nombreux, moins importants, certes, mais ne manquant pas d'intérêt ni d'originalité, notamment une école de chirurgie ouverte au XVIIIème siècle.

 

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